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Je repose le débat sur non pas la “modernisation” de l’administration sénégalaise mais sa “transformation”.
Si le Préfet cesse d’être régulateur dans sa circonscription administrative, il devient un simple automate agissant comme une machine programmée à interdire au moindre vice de forme. Or, la différence entre l’homme et la machine, c’est justement la quête du Bien. La machine sera-t-elle en mesure face à un dilemme de faire un choix éthique ? C’est la préoccupation principale liée au déploiement de l’intelligence artificielle. Les systèmes normatifs modernes sont à ce niveau de réflexion et de prospection.
Depuis plus d’une semaine, la déclaration de manifestation est dans le circuit administratif mais c’est à la veille que le Chef de circonscription sort une décision d’interdiction.
D’ailleurs, le terme “Préfet” m’indispose et nous ramène à l’époque Napoléonienne. Effectivement, nous avons hérité d’une administration impériale et de commandement des sujets et non des citoyens.
Dans une administration au service des citoyens et de bonne foi, le but de la manœuvre consisterait à faire un contrôle de qualité et informer très tôt les citoyens demandeurs des vices de forme détectés. En effet, la finalité d’un régime déclaratif, c’est de créer les conditions d’une expression des libertés sans troubler l’ordre public. L’interdiction est tristement devenue la norme, alors qu’elle en est l’exception.
Malheureusement, nos administrateurs ont pour la plupart reçu une formation universitaire et administrative fondée sur une conception répressive du droit et non une conception pédagogique et didactique.
Le droit de la compliance a du chemin à faire sous nos cieux.
Tous les moyens utilisés (énergies, financiers, matériels, humains…) pour disperser les militants de Pastéef venus prendre part au meeting de MBACKÉ pouvaient être économisaient si le préfet avait pris une décision sage en invitant simplement les responsables de Pastéef, déclarant la manifestation de corriger l’erreur. Au moment où on parle de l’intelligence artificielle je prône vivement pour une administration intelligente.
Assane DIAGNE, Membre de la Société civile