Une trentaine de journalistes venant de Dakar et des régions de Kolda, Saint-Louis, Sédhiou et Ziguinchor prennent part à un atelier national de formation sur la production de contenus et le traitement des informations sur le VIH et les droits humains, une rencontre ouverte jeudi à Mbour.
Cet atelier vise à développer chez ces professionnels de l’information, la capacité d’analyse et de prévision des milieux, des situations et des enjeux de la lutte contre le VIH/Sida, en prenant en compte les droits des personnes vivant avec la maladie.
“L’ignorance des aspects du milieu et des outils d’analyse empêchent les journalistes d’appréhender les problèmes de leur communauté et de participer activement à la recherche de solutions”, explique Enda Santé, la structure initiatrice de l’atelier, dans ses termes de référence.
Selon Yacine Cissé, chargée de programme de cette organisation, “un regard critique sur le traitement de l’information sur les sujets sensibles amène à relever, par moments, des éléments de frustration dans les angles d’analyse et le lexique, surtout dans les langues locales qui alimentent en sourdine une stigmatisation”.
Les organisateurs attendent de cet atelier qu’il puisse permettre aux journalistes d’acquérir “les notions de base sur le VIH et les droits humains, comprendre les principes d’analyse de l’environnement de production et produire des contenus et traiter des informations sur le VIH et les droits humains”.
Enda Santé rappelle que l’épidémie du VIH au Sénégal est de type concentré avec une prévalence basse dans la population générale, estimée à 0,5% (EDS continue 2017) et élevée chez certains groupes considérés comme à haut risque.
Chez les professionnelles du sexe (PS), elle est de 6,6% (ENSC 2015), tandis que pour les hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes (HSH), ce chiffre s’élève à 27,6% (2017), contre 3,7% (2019) chez les consommateurs de drogues injectables (CDI).
Pour mettre fin à l’épidémie du Sida d’ici à 2030, le Sénégal, à l’instar de la communauté internationale, a mis en place une nouvelle stratégie “à la fois ambitieuse mais aussi réalisable”.
Elle consiste à faire en sorte que l’objectif “95-95-95” soit atteint.
Pour ce faire, il faut que 95% des personnes vivant avec le VIH connaissent leur statut sérologique, 95% de toutes les personnes infectées par le VIH dépistées reçoivent un traitement anti rétroviral durable et 95% des personnes recevant un traitement antirétroviral aient une charge virale durablement supprimée.
“Malgré les efforts consentis et les résultats encourageants enregistrés pour l’atteinte de ces objectifs globaux, des défis persistent, notamment la stigmatisation et la discrimination dans la population générale, les populations hautement vulnérables, les familles et lieux de travail”, avertit la chargée de programme de Enda Santé.
Cette ONG révèle que “différentes analyses situationnelles de l’environnement de la réponse au VIH ont permis de comprendre que le traitement de l’information relative aux populations les plus vulnérables au VIH dans les médias, s’aligne sur les tendances dominantes de la société et reflète la perception générale en direction de ces groupes marginalisés et rejetés à partir des considérations socioculturelles et religieuses”.
Pour tendre vers l’élimination du Sida à l’horizon 2030, il importe selon cette organisation active dans la promotion de la santé, “d’amoindrir la stigmatisation et la discrimination en direction des populations les plus vulnérables au VIH”.
L’atelier de formation s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre d’un projet du Plan d’urgence du président américain pour la lutte contre le SIDA (PEPFAR) et de l’Agence américaine pour le développement international (USAID).
L’objectif visé est de contribuer à la réalisation des objectifs 95-95-95 parmi les populations clés.
aps